Affirmons-le d’emblée : décider de se réorienter n’est ni une faute, ni une tare, ni une honte.
Une réorientation a beau être souvent perçue par les intéressés comme un échec personnel, changer de formation après avoir entamé ses études supérieures requièrent au contraire une bonne dose de lucidité et de courage de la part des étudiants concernés.
S’engager dans un parcours d’études linéaire n’est pas plus fréquent que d’avoir une carrière professionnelle stable.
Reste que pour des raisons qui tiennent autant aux enjeux familiaux, financiers…, qu’aux implications pratiques (quelle formation ? Quelles modalités ? …) que sous-tend ce choix, il n’est guère facile de se lancer dans un processus de réorientation. Et encore moins aisé de répondre aux innombrables questions que soulève cette décision.
Comme la plupart de ses collègues, Sahra Djama Conseillère en orientation à La Réunion, a accompagné un jeune dans cette situation.
Elle fait le récit de cette expérience.
La réorientation étudiante est devenue un phénomène de masse qui affecte tous les types d’étudiants, quel que soit leur profil scolaire, quelle que soit leur filière de formation.
Dixit l’Inspection Générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR).
Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, la réorientation touche chaque année en moyenne près de 3 étudiants sur 10 dès la première année universitaire.
Une proportion qui varie sensiblement selon la filière choisie, mais un phénomène tendancielle qui augmente. Il y a 15 ans, l’IGÉSR évaluait à moins de 11 % les étudiants inscrits en licence ayant opté pour une réorientation vers une autre filière.
En moins d’une décennie, entre les années universitaires 2009-2010 et 2017-2018, le nombre de réorientations a augmenté trois fois plus vite que le nombre d’inscriptions en première année de licence, pour atteindre, en fin de période, le nombre de 52 000 étudiants qui se réorientent en fin de première année de licence.
Rapport de l’IGÉSR • Juin 2020
En 2023, sur les 917 000 candidats inscrits sur Parcoursup, 163 000 étaient en recherche de réorientation (données du ministère de l’Enseignement supérieur).
Si les réorientations préoccupent les autorités, c’est qu’elles contreviennent à la logique gestionnaire des réformes. La Cour des comptes s’inquiète en effet de la hausse des réorientations en raison de leur coût alors que la loi orientation et réussite des étudiants (ORE) cherchait précisément à en réduire le nombre (Cour des comptes, 2020). Elle alerte également sur la pénalité subie par les étudiants en réorientation ou reprise d’études dans la nouvelle procédure d’affectation Parcoursup, ces derniers présentant un taux d’affectation largement inférieur à celui des néo-bacheliers (Cour des comptes, 2020, p. 48).
Les bifurcations restent effectivement associées à des représentations négatives : elles seraient le résultat d’un défaut d’orientation au sens d’un désajustement entre le niveau scolaire des lycéens et leur choix de formation post-bac, ou seraient liées à l’absence de projet professionnel précis.
Marie-Paule Couto • « Les réorientations dans l’enseignement supérieur : des parcours désordonnés bien ordonnés ? » • 2023
Il n’existe que des bonnes raisons pour se réorienter
Inadéquation entre les attentes et la réalité d’un cursus, démotivation, difficultés d’adaptation au rythme ou aux exigences de la filière choisie, pression sociale ou familiale, orientation subie ou par défaut, révélation professionnelle récente… Les raisons qui conduisent à souhaiter une réorientation sont multiples.
Il n’appartient à quiconque de porter un jugement sur l’origine ou le bien-fondé d’une telle résolution. Chez Tonavenir, le rôle du Conseiller en (ré)orientation consiste en premier lieu à lever tous les freins susceptibles d’émousser ce souhait.
Une réorientation personnalisée
Vient ensuite le temps des réponses aux questions, au premier rang desquelles : Quel avenir professionnel envisager ? Quelle nouvelle formation choisir ?
Charge au Coach de mettre en oeuvre la Méthode, les outils et sa connaissance pointue des formations post-bac, afin de proposer une solution correspondant aux aspirations, au profil, au parcours, aux contraintes de l’étudiant.
Et de répondre à toutes les autres questions qu’il pourrait se poser.
Puis-je envisager une réorientation en cours d’année universitaire ?
Comment valoriser mon parcours dans le cadre d’une réorientation ?
Puis-je utiliser Parcoursup pour me réorienter ?
La Fiche Avenir peut-elle me servir lors de mes démarches d’inscription dans une nouvelle formation ?
Les mauvais résultats obtenus dans ma formation actuelle peuvent-ils me desservir pour accéder à une nouvelle formation ?
Une réorientation est-elle possible dans le même établissement ? …
Réorientation en communication : le récit de Sahra Djama, conseillère en orientation à La Réunion
Décembre 2023, les parents de Sarah Magnesse assistent à une conférence que j’anime sur les études et les débouchés après une école de commerce.
Ils me contactent pour leur fille inscrite en L2 AES à l’université de la Réunion. Sarah peine dans cette filière alors qu’elle était une élève brillante au lycée (bac avec mention très bien). Elle a choisi cette voie qui lui semblait pluridisciplinaire et parce qu’elle ne souhaitait pas encore quitter la Réunion.
Lors du premier rdv avec Sarah je comprends très vite que cette filière ne lui correspond pas. Non seulement ce choix d’orientation n’est pas adapté à son profil, mais surtout, les résultats qu’elle a obtenus aux partiels, notamment en mathématiques, lui ont fait totalement perdre confiance en elle.
Sarah a d’excellentes qualités rédactionnelles et un grand besoin de créativité, de projets, de cas concrets, ce que ne lui offrent ni l’université évidemment, ni ce parcours de formation.
Dans le cadre d’un Pass Evolution, nous effectuons des tests d’orientation afin de mieux cerner son profil et de lui proposer des domaines/métiers adaptés.
Marketing, communication/évènementiel, design, multimédias… émergent du bilan d’orientation réalisé.
Et à l’issue de nos échanges sur les particularités de ces différents métiers, Sarah retient le domaine de la communication.
Je lui propose différentes formations en adéquation avec son parcours et après un coaching oral pour préparer les entretiens de motivation, sa candidature est acceptée à l’EFAP Toulouse en 2ème année.
Un semestre aura suffit : Sarah me confirme qu’elle aime beaucoup son cursus et qu’elle a les meilleures notes de sa classe !
Mon analyse : j’ai eu la conviction que Sarah savait au fond d’elle qu’elle n’avait pas choisi la bonne orientation assez tôt. Lui donner les informations précises sur les orientations possibles en communication et la rassurer sur les débouchés professionnels l’ont assez vite convaincue qu’une autre voie était possible ! Au fil des entretiens, je l’ai vu reprendre confiance en elle et retrouver de l’espoir quant à ses perspectives.
Après une licence AES qui ne me correspondait pas, j’ai décidé de me réorienter et d’intégrer une école de communication réputée à Toulouse, l’EFAP. Ce choix a été un véritable tournant dans ma vie. Grâce à l’accompagnement de Sahra Djama, j’ai pu trouver ma voie, prendre confiance en moi et m’épanouir pleinement dans mes études. Je suis très reconnaissante du travail qu’elle a fourni pour m’aider à concrétiser ce projet. Aujourd’hui, je suis enfin alignée avec mes ambitions et mes envies professionnelles.
Sarah Magnesse